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l'équipe europeenne victorieuse de la ryder cup 2018

Bilan Ryder Cup 2018

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Un l’heure des comptes a sonné. Le succès de son organisation et les souvenirs laissés par cet événement ne doivent pas éclipser un bilan contrasté au regard des objectifs ambitieux de la FFGolf. Parmi les points marquants, des retombées économiques positives, un nombre de licenciés en légère hausse et une image nouvelle de nos golfs à l’étranger. 

On en frémit encore. Un peu plus d’un an après l’écrasante victoire des Européens sur les Américains 07,5/10,5) au Golf National, la ferveur populaire qui a émaillé cette semaine historique de septembre 2018 reste très prégnante. Nos cœurs chavirent encore face aux souvenirs de cette ambiance tonitruante qui devait prouver une bonne fois pour toute que le golf n’est pas un sport « élitiste réservé aux vieux et aux riches». L’immense majorité des 270000 spectateurs ne l’était pas. Tel un stade de foot à ciel ouvert, ça a grave chauffé dans les tribunes éphémères montées tout autour du parcours de l’Albatros. Le clapping, parfois initié par les joueurs, piquent encore la paume de nos mains. La battle entre les tribunes tétanisent encore nos jambes. Lécho des cris des supporters ne s’est pas encore totalement dispersé dans les nimbes de Saint-Quentin-en-Yvelines, tout comme les notes des chansons, à jamais gravées sur nos cordes vocales. « Il suffira d’une étincelle … », entonnait la tribune alpestre de 6 700 places située au départ du trou n° 1. C’était gagné: le golf français- avait allumé le feu. Un an plus tard, dans les travées plus clairsemées de l’Open de France, les braises sommeillent profondément. Le crachin qui s’abat sur le parcours dénudé de l’Albatros n’est pas en cause. Certes, le temps maussade incite à la mélancolie et l’intimité retrouvée du plus vieux tournoi européen continental, à la dotation quatre fois inférieure à celle des deux années précédentes, laisse libre cours aux commentaires les plus pessimistes. Le sentiment d’un rêve inachevé s’installe insidieusement dans les têtes. 

La Ryder Cup 2018 n’aurait-elle donc été qu’un feu de paille? Non, aux dires de plusieurs acteurs représentatifs du monde du golf français. Personne ne regrette l’avènement de la compétition qui, faut-il le rappeler, a coûté 40 M€ (dont 16 versés jusqu’en 2022 par les seuls licenciés) pour des retombées économiques de 236 M€ selon le Centre de recherche sur l’économie du sport de l’université de Sheffield Hallam (Angleterre) et de 100 M€ environ pour la seule Île-de¬France selon une étude pilotée par le ministère des Sports. Le bilan s’avère moins positif du côté du chiffre des licenciés, un indice essentiel pour la FFGolf puisqu’il représente environ 80 % de son budget. L’objectif très ambitieux de 700000 licenciés, lancé par certains membres de la fédération avant l’attribution de la Ryder Cup, n’est évidemment pas atteint. Fin novembre, on dénombrait près de 418000 licences (contre 410 377 fin 2009) soit une croissance de 1,85 % en dix ans. Prise telle quelle, cette augmentation demeure modeste, mais elle doit toutefois être soulignée compte tenu de la baisse générale du nombre de golfeurs dans le monde entier. Actuellement, certains pays européens connaissent même une chute à deux chiffres .. Les différentes opérations menées par la Fédération pour faire face aux nouvelles pratiques, à savoir les initiations gratuites, le carnet golf dans les écoles et les animations en centre-ville (par le biais du FFGolf Golf Tour) ont généré une augmentation sensible des pratiquants que la fédération estime à 750 000 (nombre de personnes ayant joué au moins cinq fois dans l’année). À charge pour elle désormais de persuader ces golfeurs intermittents de se transformer en véritables passionnés et donc en nouveaux licenciés. 

LA RÉUSSITE DES PETITES STRUCTURES

Autre point important, l’image du golf en France. Tous les acteurs de la filière, à l’exception notable de la Fédération, ne constatent aucun changement radical. Mais ils savent bien qu’il faudra des années pour tordre le cou aux idées reçues. Toutefois, tous conviennent que la Ryder Cup a sûrement contribué à un léger mieux en la matière grâce aux images véhiculées par les  médias. La valorisation brute des retombées médiatiques – inégalées en France – se chiffre à plus de 300 M€ (étude Kantar Media). Une « économie» non négligeable s’il avait fallu acheter de l’espace publicitaire, mais qu’il faut toutefois relativiser. Les médias se sont d’une part concentrés pendant l’épreuve et n’assurent depuis, pour les plus généralistes d’entre eux, quasiment aucun suivi. D’autre part, la retransmission télévisée était payante contrairement à des événements comme les Jeux olympiques ou la Coupe du monde de football. Avec près de 900 millions de téléspectateurs en audience cumulée en 2016, la Ryder Cup jouit d’une exposition télévisuelle exceptionnelle (620 millions de foyers potentiellement touchés en 2018). Rédacteur en chef golf au sein de Canal +, Thierry David regrette cependant que les chaînes publiques françaises ne se soient pas portées candidates à la retransmission de l’événement. Cela n’a pas empêché l’ensemble du groupe Canal (dont fait partie Golf + d’afficher un record d’audience cumulée de 2,2 millions de téléspectateurs sur les trois jours (avec 2 heures par jour de retransmission en clair). La Ryder Cup, enfin, a bousculé aussi les mentalités chez les décisionnaires, politiques et institutionnels. l’État et les collectivités ont financé ainsi une partie des fameuses 100 petites structures golfiques. « Grâce à elles, nous avons déjà créé 30000 nouveaux joueurs», précise Pascal Grizot, vice-président de la FFGolf. Même l’opérateur de l’État, Atout France, l’agence de développement touristique du pays, a pris conscience de l’importance du secteur (un touriste golfeur dépense plus que la moyenne) en menant différentes campagnes pendant la Ryder Cup. Dans les prochaines années, nos plus beaux golfs pourraient donc bien recevoir de plus en plus de touristes étrangers. Des retombées à moyen et long termes, donc, qui devront être anticipées pour être pleinement exploitées.