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Tolérance Zéro contre le jeu lent ?

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Depuis des années les problèmes de jeu lent perturbent le bon déroulement des parties de Golf 

En France, de nombreux directeurs de golf et organisateurs de compétitions amateurs redoublent d’effort et de vigilance afin que le temps imparti pour effectuer 18 trous à un rythme raisonnable soit respecté en toutes circonstances. Certains golfs ont pris la bonne habitude d’indiquer sur leurs cartes de score la durée maximum à ne pas dépasser pour chaque trou, permettant à chaque joueur de vérifier s’il doit accélérer le pas. Lors des compétitions fédérales de haut niveau, notamment les Grands Prix, les arbitres n’hésitent pas, même si cela reste rare, à infliger des coups de pénalité pour jeu lent. Enfin, dans le cadre des épreuves régionales ou nationales de jeunes, l’ensemble des participants est particulièrement sensibilisé sur ce sujet générateur, nous le savons tous, de vives tensions au sein des clubs… 

Vers la tolérance zéro chez les professionnels ?

Chez les pros, par contre, la situation ne s’arrange pas. Elle est même devenue brûlante ces dernières semaines avec quelques cas particulièrement édifiants. Lors de l’Evian Championship, quatrième tournoi majeur de la saison féminine, l’Américaine Stacy Lewis, vainqueur de l’Open britannique en 2013, a fait part de son exaspération sur Twitter après avoir bouclé son deuxième tour en… 5h50 ! « Ce n’est agréable ni pour les joueuses, ni pour les gens qui regardent », a-t-elle déclaré après avoir rendu une carte de 74. Trois semaines plus tard, son compatriote Bryson DeChambeau s’est attiré les foudres de ses collègues pros en prenant plus de deux minutes pour jouer un putt de trois mètres et, pire peut-être, en faisant l’aller-retour à pied entre sa balle et le drapeau situé à 64 mètres…

Le problème du jeu lent chez les pros ne date pas d’hier. Roberto de Vincenzo, le héros malheureux du Masters 1968, à qui l’on a demandé un jour comment était son dîner avait répondu, plein d’humour : « Ce fut très bon et très lent, comme Jack Nicklaus. » Car jusqu’à une date assez récente, le jeu lent était presque considéré comme un mal nécessaire. Les pros étaient sur le circuit pour gagner leur vie et tout le monde semblait s’accommoder, tant bien que mal, de ce rythme d’escargot. Les rares voix discordantes faisaient figure de râleurs impénitents. Puis, récemment, quelques voix plus fortes se sont fait entendre comme celles de Rory Mcllroy ou de Brooks Koepka, au sommet de la hiérarchie mondiale. Quelques joueurs ont été pointés du doigt à commencer par Bryson DeChambeau, le « scientifique du golf » à la préparation plus longue et soporifique qu’un repas de famille. Edoardo Molinari avait même franchi une étape supplémentaire en « balançant » sur les réseaux sociaux, la liste des joueurs de l’European Tour avertis pour jeu lent. Face à cette fronde naissante, les deux grands circuits masculins de golf, européen et américain, ont décidé d’agir. « Ce sont les joueurs eux-mêmes qui ont ouvert la porte », explique tout sourire Keith Pelley, le patron du Tour européen. 

 

Les mesures prises par European Tour

Devant de tels excès, les dirigeants de plusieurs circuits professionnels ont, enfin, décidé de sévir. Le 19 août dernier, l’European Tour a annoncé un plan en quatre points pour lutter contre le jeu lent. Parmi les mesures annoncées, des réductions du temps autorisé pour chaque coup, la mise en place d’un coup de pénalité dès le deuxième dépassement de temps, des amendes triplées en cas de manquements répétés et des tests de règles à passer tous les trois ans par tous les joueurs. 

Plusieurs autres mesures ont déjà été dévoilées, à commencer par une moindre tolérance aux dépassements de temps. Ainsi, une fois chronométré, le joueur sera pénalisé d’un coup de pénalité après seulement deux bad tirne. Pour mémoire, le joueur dispose de 40 secondes pour jouer son coup lorsqu’il est en mesure de le faire. Le but est bien sûr de faire en sorte que le retard ne puisse pas s’installer. Quant aux récalcitrants, ayant été pris 15 fois en dépassement de temps dans l’année, ils s’exposeront désormais à une amende d’environ 30 000 € contre 10 000 € auparavant… Parmi les autres mesures déjà annoncées, on note l’obligation de passer un test de règles pour tous les joueurs du Tour, et de le revalider tous les trois ans. Enfin le champ des joueurs sera réduit de 156 à 144 joueurs sur le circuit européen et les intervalles de départ seront espacés après le cut. Cette première salve de mesures en annoncent d’autres qui seront dévoilées d’ici la fin de l’année. 

 Et le PGA Tour ?

De l’autre côté de l’Atlantique, le PGA Tour, le surpuissant circuit américain, semble prêt, lui aussi, à trouver des solutions pour éradiquer le fléau. 

Bryson DeChambeau, après avoir, dans un premier temps, balayé les reproches qui lui avaient été adressées, a déclaré sur Instagram qu’il allait tout faire pour s’améliorer dans ce domaine. 

La solution, forcément, viendra d’une prise de conscience collective et individuelle. Aux instances dirigeantes de mettre en place des règles plus efficaces. Et à chaque joueur et chaque joueuse de faire leur auto-critique et de changer leurs habitudes.