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Comment choisir son matériel ?

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Je suis passionné de matériel depuis que je joue au Golf et sans doute en relation avec ma formation d’ingénieur. Dans ce domaine, le Golf est un sport paradoxal où nous trouvons parfois des concentrés de technologie associés à de nombreux mythes et à un marketing très poussé avançant beaucoup de chiffres sans jamais les vérifier de manière expérimentale faute souvent de matériel d’analyse.

Je vais commencer par vous compter une petite histoire que j’ai vécu en allant voir mon ami Clubmaker Julien. Dans la discussion, il me tend un club d’une marque fort connue qui cherche à sortir des séries premium (230 € le club !) en me disant « Essaye cela, cela sort très fort ». Effectivement mes deux ou trois shots avec ce fer 7 sur son trackman me laissent une forte impression. Je lui emprunte le club et je tape un sceau au practice : je gagne presque 20 m ! Et puis je compare ce fer 7 avec le mien : la tête me semble plus fermée et le shaft est plus long … curieux. Rentrée à la maison, je recherche les spécifications sur Internet : ce fameux fer 7 est aussi fermé que mon fer 5 !! CQFD : Vous pouvez acheter cette série prémium pour 2500 € en gagnant 20 m mais ce n’est avant tout qu’une astuce marketing. 

Un autre exemple : un club de golf et son shaft sont des produits de haute technologie. La rigidité des shaft s’exprime toujours de XS (X stiff) à L (Lady) voir A (Senior) en passant par Stiff et Regular alors qu’il n’existe aucune norme en la matière. En fait la lettre qui se trouve sur les manches de vos clubs ne veut strictement rien dire !

Au milieu de tout cela, un OVNI dans le monde des pros, Bryson DeChambeau joue des clubs de longueur unique, gagne des tournois et confirme ses choix par des exposés théoriques. En effet le garçon est quand diplômé en Physique de l’université du Texas et j’ose croire qu’il connait la définition du moment d’inertie !

Alors comment s’y retrouver ? Il faut travailler avec un véritable « Clubmaker » qui va, avec quelques instruments dont un radar de trajectoire et beaucoup de savoir-faire, définir votre sac avec lequel vous vous sentirez le mieux. Remarquez que je n’ai pas dit « taper le plus loin » ou « jouer le mieux » car cela fait intervenir aussi vos capacités physiques et mentales. Juste avoir un matériel qui vous soit totalement adapté.

Je n’ai pas dit non plus fitting d’une marque ou d’un magasin. Pour les premiers, il n’est pas certain que si les fers vous conviennent, ce soit aussi le cas des bois et pour les seconds des considérations commerciales peuvent interférer avec le processus de sélection.

J’ai la chance de bosser sur mon sac avec mon ami Julien Guiraudenc à Saint Arnoult qui travaille comme cela depuis 10 ans en étant lui-même un joueur de très bon niveau. Bon là, vous allez me dire : c’est bon pour les pro où à minima les bons joueurs !  C’est TOTALEMENT l’inverse ! Pourquoi ?

Je vais l’illustrer par une petite histoire contée par Tom Whison dont je parlerai un peu plus loin dans cet article. En 1999, au tournoi PGA de la Nouvelle Orléans, Alex Cejka, pro PGA, repartit pour l’aéroport à la fin de son second tour, étant persuadé qu’il n’avait pas passé le cut. Lorsque l’on lui apprit par téléphone quelques instants après qu’il avait, en fait, passé le cut, les protocoles de la compagnie aérienne qu’il utilisait lui interdire de récupérer ses clubs pour le lendemain. Sans aucune autre alternative que celle-ci, Alex pris une série standard en location au proshop du golf et joua les deux derniers tours en 71-71 (-2) ! Pour faire simple et court, plus le joueur est doué techniquement, plus il est capable de modifier son swing et de s’adapter à n’importe quels clubs. Ce n’est pas le cas du golfeur amateur !

Le principe derrière le « club making », est de créer, pendant une analyse mécanique approfondie, un cahier des charges de chacun de vos clubs en fonction de votre taille, de votre force, de vos capacités athlétiques, et de votre bio-mécanique de swing. Adapter parfaitement les différents composants à ces spécifications, réduit considérablement les effets négatifs de vos erreurs techniques.

J’ai déjà cité Tom Wishon. Qui est-il ? Tom Wishon est un ancien professionnel PGA américain qui a plus de 40 ans d’expérience dans l’industrie du matériel de golf et qui s’est spécialisé dans la conception des têtes et des shafts ainsi que dans l’analyse de leurs performances. Tom Wishon a écrit 10 livres et plus de 200 articles dans des magazines de golf aux Etats-Unis et en Europe à propos des performances des clubs de golf et de la technologie du fitting. Son livre The Search for The Perfect Golf Club (la recherche du club de golf parfait) a été un bestseller et a été sélectionné en 2006 comme le livre de l’année par l’International Network of Golf (ING).

Tom Wishon a notamment écrit un petit livre connu dans le monde du matériel « LES 12 MYTHES QUI POURRAIENT RUINER VOTRE JEU DE GOLF ». Sans reproduire in extrenso ce livre, je vais vous résumer ci-dessous quatre de ces douze mythes qui vont donneront j’espère l’envie d’aller plus loin et de voir votre prochain achat de clubs d’un œil différent.

Mythe N° 1 : LES CLUBS MODERNES ENVOIENT LA BALLE PLUS LOIN

 En réalité, pas du tout. Ce que vous voyez est la résultante de bien trop d’années de compétition féroce entre les différents fabricants de clubs de golf. Ces 20 dernières années les lofts et les longueurs de vos clubs ont, elles, changé ! Petit à petit, les fabricants de clubs n’ont cessé de modifier les lofts de leurs clubs, en les baissant un peu tous les ans, dans l’unique but de pouvoir affirmer qu’ils vont “plus loin” que les anciens.  Ainsi, lorsque vous allez à la démo d’un fabricant taper le nouveau fer 7, et qu’il va plus loin que votre actuel fer 6 (ou 5 !!), vous savez désormais pourquoi. Ce beau fer 7 tout neuf était en fait un fer 6 il y a quelques années, et probablement même un fer 5 quelques années encore auparavant

 

D’une certaine façon cela pourrait être drôle si cela n’avait pas un effet si dévastateur. Le constat est simple : les golfeurs achètent des clubs dont la conception même les rend injouables pour la grande majorité des amateurs, et doivent se munir de clubs supplémentaires dont ils n’auraient pas eu normalement besoin. 

Dans le monde du clubfitting explique Tom Wishon,  il y a une règle appelée “la Règle des 24/38”. Pour résumer, on considère que la majorité des golfeurs amateurs ne peuvent pas jouer de façon suffisamment efficace un fer qui a moins de 24° de loft et plus de 38” de long. Tout simplement car un club plus long et moins ouvert requiert des qualités techniques et athlétiques que la plupart des golfeurs ne peuvent acquérir. Il y a 30 ans cette règle du 24/38 comprenait le fer 3. On pouvait donc tout naturellement s’attendre, en achetant une série du Fer 3 au PW, à pouvoir taper correctement le fer 3. En raison de ce “syndrome des lofts décroissants” moderne, cette règle du 24/38 rend les fers 3, 4 et même souvent 5, injouables pour la majorité des golfeurs amateurs. 

Que devez-vous donc faire ? C’est très simple. Les fabricants de clubs veulent vous faire acheter trois clubs de plus pour compenser ce traquenard dans lequel ils vous ont coincés. Vous devez désormais acheter des clubs hybrides, plus faciles à jouer, pour remplacer les fers 3, 4 et 5 devenus injouables. De plus, les lofts diminués ont créé un écart important entre le PW et le SW (qui est resté à 56°), et vous devez combler cet écart en faisant l’acquisition d’un wedge intermédiaire appelé GW (Gap wedge) ou AW (Approach wedge).

Mythe N° 2 : PLUS LE LOFT DU DRIVER EST BAS PLUS LA BALLE IRA LOIN

 C’est en effet le cas…avec certains de vos bois, hybrides ou fers. En revanche, même avec le swing de Bubba Watson, il y a un moment où s’il on continue à baisser, le loft du driver sera trop bas pour optimiser la distance. Bien évidemment, pour Bubba, ce loft est très bas, mais pour nous, les golfeurs “normaux” à la vitesse de swing bien plus basse, nous avons besoin de beaucoup plus de loft pour atteindre notre distance optimale au drive. Pour la grande majorité des golfeurs amateurs, ce loft optimal se situe même au-delà de 12°. Ceci peut paraître paradoxal mais imaginez-vous dans votre jardin avec votre tuyau d’arrosage et la pression d’eau au maximum. Pour obtenir la distance maximum, le jet d’eau à une trajectoire relativement basse et pénétrante. Maintenant supposons que la pression du jet d’eau diminue soudainement, qu’allez-vous faire instinctivement pour tenter de récupérer de la distance ? Oui, c’est ça, vous allez naturellement relever la buse du tuyau et donc changer la trajectoire de l’eau. C’est exactement la même chose avec le driver. 

Dans ce tableau, Tom Wishon souligne en gras la section qui montre quel loft optimise le mieux la distance en fonction de la vitesse de swing.  Vous ne maximiserez jamais votre distance en portée au drive avec un loft en-dessous de 15° tant que votre vitesse de swing n’aura pas atteint, ou presque, 90 mph. 100 pmh est une vitesse supérieure à la moyenne féminine sur le Tour, et quasiment la même vitesse que sur le Tour masculin !! Vous êtes-vous parfois demandés pourquoi il vous arrive de taper votre bois 3 ou bois 5 plus loin que votre driver sur tee ? Vous le savez désormais. 

 

Bien entendu, c’est extrêmement valable quand on parle du carry de la balle. Les drivers modernes réduisent de plus en plus le backspin de la balle donnant ainsi une distance de roulement plus privilégiée par un loft bas. Alors la vérité est sans doute pour le golfeur amateur entre 11° et 13° mais là aussi seule une étude sérieuse au Trackman avec un club maker pourra vous apporter des réponses.  A minima et  avec les têtes réglables présentes aujourd’hui augmentez votre loft de 1° à 2° l’hiver.

 

Et je ne parle même pas de la dispersion qui reste à étudier sérieusement au Trackman…. cinq mètres de plus dans les bois ne sont jamais un avantage !

Mythe N° 3 :  LORSQUE QUE J'ACHETE UN CLUB AVEC UN SHAFT ESTAMPILE “S”, JE SAIS QUE J'AI UN SHAFT “STIFF”.

 C’est faux car les lettres A, R, S, X ou L que vous lisez sur vos shafts ne veulent absolument rien dire. La plupart des golfeurs savent que les shafts existent en différents “flex” : X pour extra stiff, S pour stiff, R pour régular, A pour amateur (qui veut en réalité dire sénior), et L pour Ladies (femmes).  Mais quelle est la définition de “stiff” pour les constructeurs ? Il faut savoir que le Stiff d’une marque peut très bien être, en termes de flexibilité, le Regular d’une autre marque, ou encore le Sénior d’une troisième. Encore pire, chez un même fabricant de shaft, les différents modèles de shafts de leur catalogue peuvent être libellés en lettres de flexibilité de façon très différentes !! La définition même par ces lettres simples est tout simplement sans fondement et sans normalisation. En fait les shafts du moins des drivers possèdent des données beaucoup plus fines comme leur profil de torsion basé sur des mesures de fréquence mesurées à différent endroits de leur longueur. 

 

La façon correcte pour choisir le shaft qui vous convient, est de le faire faire par un clubmaker compétent, qui le déterminera lors d’une analyse mécanique complète basée sur plusieurs paramètres comme la vitesse de swing mais aussi le tempo général du swing, le tempo du downswing, l’agressivité de votre transition, votre relâchement des poignets, etc. En fonction de ses observations mécaniques et des constatations faites sur vos trajectoires de balles, le clubmaker sera à même de déterminer quel shaft est le mieux adapté à votre swing pour vous donner les meilleures sensations et améliorer votre jeu.

Mythe N° 4 : PLUS VOTRE SWING EST RAPIDE, PLUS VOTRE SHAFT DOIT ÊTRE RIGIDE

Il est vrai qu’un bon clubmaker doit à un moment où à un autre mesurer votre vitesse de swing. Une des raisons de faire cela est de restreindre ou plutôt de circonscrire les possibilités de shaft à ceux qui ont le flex le plus approprié pour cette vitesse. Vous pourriez alors conclure que cela suffit : si vous avez une vitesse plus élevée vous prenez un shaft plus rigide et si votre vitesse est plus basse vous prenez un shaft plus flexible. Mais ceci est inexact car ce n’est pas tout. La mesure de la vitesse n’est que le début du processus de fitting du shaft et si cela est fait correctement et que les autres éléments qui permettent de déterminer quel sera votre meilleur shaft font l’objet d’une analyse sérieuse, vous pourrez fort bien finir avec un shaft qui sera très différent de celui auquel vous auriez pensé à l’origine.

En fait, le rôle du flex apparaît quand le golfeur relâche l’armement de ses poignets pendant le downswing. C’est à ce moment-là que la flexibilité ou la fermeté du shaft font leur travail. Le rôle du profil de flexibilité d’un shaft est de travailler en conjonction avec le désarmement de vos poignets (et aussi avec le loft du club son centre de gravité, si votre angle d’attaque est positif, négatif ou neutre) pour déterminer l’angle final d’envol, la trajectoire et le backspin de votre coup. Le flex a également un effet important sur les sensations produites par le club avant et pendant l’impact. Les sensations produites par le profil d’un shaft sont un élément très important du fitting pour beaucoup golfeurs.

Ainsi, considérons trois golfeurs. Le premier désarme très tôt les poignets dans le downswing, le second au milieu, et le dernier très tard. Le golfeur qui relâche très, trop, tôt verra son shaft se courber vers l’avant trop tôt, ce qui aura pour effet qu’il reviendra en arrière et sera, à l’impact, redevenu, rectiligne, sans effet particulier sur la trajectoire. Mieux vaut être le second golfeur qui relâche ses poignets au milieu du down swing, et, mieux encore, être le troisième golfeur qui relâche tout à fait à la fin du downswing, quelques centièmes de secondes seulement avant l’impact. En résumé, plus on désarme les poignets tard, plus le shaft aura un effet marqué sur l’envol de la balle. Néanmoins, chacun des trois golfeurs décrit pourrait avoir exactement la même vitesse de swing à l’impact ! Pensez-vous qu’ils devraient, pour autant, tous utiliser le même shaft ? Non, bien sûr. Mais il y a plus. Pour vraiment obtenir le shaft qui convient pour vos clubs vous devez également examiner la façon dont vous opérez la transition entre la fin du back swing et le début du downswing –douce, moyenne ou en force-, comment sont votre tempo et votre accélération, également dans le downswing, et quelle est votre régularité dans la réalisation de ces différents points. Faites entrer ces différents facteurs dans l’équation de votre swing, introduisez, aussi, le moment où vous commencez à désarmer, et, alors seulement, votre clubmaker pourra sélectionner votre shaft. 

En conclusion, ce ne sont que quelques-uns des éléments que j’ai appris de mes lectures et discussions avec Julien Guiraudenc quand je change de matériel. Je vous vois poser une dernière question : pourquoi changer de matériel quand tout est si bien réglé ? Et bien, mon swing évolue et les technologies aussi. Je suis un vivant exemple de ce que je vous ai raconté ci-dessus : je jouai récemment encore plutôt des club rigides et lourds alors que mes capacités physiques étaient à l’inverse, cela me donnait du contrôle au détriment de la distance. Mon swing progresse positivement et je commence à jouer du plus léger moins rigide car je peux maintenant tirer profit des flex des shafts sans augmenter ma dispersion.

Et s’il vous prend l’envie d’aller en discuter avec mon ami Julien :

CLUB HOUSE 78

17 ZI Les Corroyés, 78739 SAINT ARNOULT EN Y.

06 71 62 66 68