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Choisir votre matériel en fonction de votre Index ?

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Dans l’univers du matériel de golf, il est fréquent d’orienter les golfeurs sur des séries de fers en fonction de l’index. Lames Muscle Back, lames Cavity Back, Super Improvment (fers pour joueur en progression), Oversized (surdimensionnés), on dénombre au moins six catégories de fers à répartir entre des golfeurs professionnels ou 0 d’index, jusqu’aux débutants ou 54 d’index.

Oui, mais est-ce qu’en fin de compte, c’est vraiment pertinent de relier index et série de clubs ?
Tout le monde le fait ! Marques, distributeurs, médias, enseignants… essaient d’orienter les consommateurs sur des familles de produits, en fonction de ce qui serait censé résumer le mieux le niveau d’habileté d’un golfeur ou d’une golfeuse, l’index.

En tombant par hasard sur une vidéo d’un enseignant voulant donner son avis sur une série de fers Callaway Rogue, et indiquant qu’il conseillait ces clubs pour des joueurs d’index 14 à 28, nous pourrions être saisi par le caractère inapproprié, et complètement inadapté de cette recommandation. Quel est le point commun ou le projet de jeu commun entre un golfeur classé 14 et le golfeur classé 28 ? Comment un golfeur 14 d’index pourrait-il avoir le même besoin qu’un golfeur 28 ?

A la limite pour un driver, c’est plus délicat de faire des classements par index, et de faire des plages « étroites ». Par définition, un driver, c’est pour tous les golfeurs de 0 à 54 d’index, et de 7 à 77 ans. C’est plus dans les détails des composants que l’on va commencer à détecter des niveaux de jeu ou plus pertinemment des vitesses de swings, en même temps que des points de flexions du manche.

En réalité, et sans savoir si les acteurs du marché s’en rendent réellement compte, cela n’a absolument aucun sens de recommander une série par rapport à un index, et encore moins une plage de valeurs. Dire qu’une série de fers Callaway Rogue pourrait convenir à des golfeurs d’index 14 et 28, n’est ni vrai, ni faux, c’est hors de propos, et n’apporte pas l’information utile aux amateurs.

Le choix d’une série de fers doit être toujours un mélange de prix, de rapport qualité/prix, d’attachement à une marque, de plaisir, d’esthétique, et de technique. C’est bien entendu le dernier point qui est le plus intéressant à commenter, et sur lequel, il y a le plus de choses à exprimer puisque les points précédents sont plus personnels.

Sur le marché actuellement, si on distingue deux grandes familles de clubs (Player et Improvment) pour disons les bons joueurs, et les joueurs en progressions, soit une répartition entre 10 et 90% des classements en France, dans chaque famille, on retrouve au moins trois catégories, qui ont toutes en commun, une répartition faite sur la base du loft du club.

Pour les clubs « player », une lame Muscle Back présente le loft le plus ouvert (généralement 34 degrés pour un fer 7). Ce club avec une ligne pure, une semelle étroite, une topline affinée propose en théorie moins de smash factor, puisque la face est plus ouverte, mais en contrepartie, plus de spin, un angle de lancement plus élevé, et une trajectoire plus bombée pour moins de roule, et donc plus de contrôle de profondeur.

Après la Muscle Back au sommet de la difficulté théorique, souvent réservée aux golfeurs professionnels, on retrouve la Cavity Back, une autre lame qui ne porte pas forcément très bien son nom, et c’est même confusant avec les clubs improvments. Alors que la Muscle Back est la seule lame à ne pas présenter de cavité au dos de la face, la Cavity Back présente un léger début de cavité arrière couplé à un loft légèrement plus fermé. Entre toutes les catégories de fers, les écarts de lofts sont souvent par étage d’un degré. Alors que la MB (muscle back) est ouverte à 34 degrés sur un fer 7, la CB (Cavity Back) est à 33 degrés. Un degré seulement qui fait déjà une différence sur la trajectoire de balle.
Ce degré contribue à augmenter le smash factor (rendement) pour une même énergie déployée, alors que l’angle de lancement baisse, et le taux de spin commence aussi à décliner dans une proportion moindre.

Les pros peuvent parfaitement arbitrer entre une MB et une CB…Choisir entre un peu plus de smash factor, et donc de vitesse de balle, et un peu moins d’angle de lancement, de spin, et de rotations. Ils peuvent aussi coupler des choix de balles avec les fers en question pour inventer plusieurs combinaisons de trajectoires de balles.

Traditionnellement, il est tentant d’expliquer qu’une MB est « réservée » pour un joueur de 0 à 5 d’index, et une CB pour un joueur de 6 à 10. Quelle est la frontière entre 5 et 6 d’index ? Qui sait dire qu’un golfeur 5 ou un golfeur 6, et c’est un changement de cap ou de projet de jeu ? On ne se pose pas beaucoup cette question, car le nombre de golfeurs avec un classement aussi élevé est en fait très faible.

L’élite des golfeurs amateurs pèse moins de 10% des golfeurs, et golfeuses en France. Plus on se rapproche de 0 d’index, et plus on parle en seulement quelques centaines d’individus sur une base de 400 000 licenciés, dont l’index médian est en réalité stable, et autour de 28. Les ventes de MB et de CB ne cessent de plonger en France, car la demande est à la fois minoritaire, et pas nécessairement en augmentation.

Pour contrer l’effondrement des fers forgés, certaines marques, et en particulier les japonaises, Srixon et Mizuno en tête, ont commencé à inventer les forgés tolérants. Nous retrouvons ces clubs six ans en arrière avec le retour des fers Srixon Z545 en France ou plus récemment avec les Mizuno MP-18 MMC.

Dans la même logique, le loft s’abaisse encore par rapport à la MB et la CB. Cela reste un fer dit forgé par le fabricant, et donc avec un son et un toucher plus élégant. Au catalogue Srixon, la Z585 présente un loft de 31 degrés. Chez Mizuno, la MP-18 MMC présente un loft de 32 degrés.
A partir de cette famille de produits, on commence à distinguer des écarts de définitions entre toutes les marques. Les choses commencent à se compliquer, notamment pour le consommateur, quand il veut comparer. Tous les clubs de golf ont généralement un numéro sous la semelle, plus rarement un loft !

Les marques vont alors argumenter sur le centre de gravité abaissé, et un angle de lancement maintenu. Le loft, c’est pourtant le loft ! Ces fers forgés dit tolérants présentent effectivement une cavité plus profonde et une semelle plus large. Ils ont relancé la popularité des forgés, car ils marient la facilité des clubs « improvments » avec une meilleure qualité de finition, de son et de toucher. C’est les stars du marché. Les américains l’ont largement compris. TaylorMade, Callaway, Ping… ont depuis emboité le pas des japonais, et avec succès dans certains cas. Ces clubs ont permis d’élargir la base de clients potentiels pour du forgé.

Deuxième famille de clubs, les improvments ou clubs moulés par opposition aux forgés. A l’origine, c’est plus le processus de fabrication que le niveau de jeu qui a justifié la création de cette famille. Les clubs moulés pouvaient être plus facilement réalisés en grande série.

Cette famille a aussi connu une forme de segmentation par les lofts, et cette fois, plutôt sous l’impulsion des « américains » qui ont vu l’opportunité de fabriquer des clubs moins chers, et proposés arbitrairement plus de distances, mais sans au passage faire des concessions au contrôle, et la trajectoire de balle. Dans un premier temps, les clubs improvment, comme le fer TaylorMade M5, proposent des lofts de 30 degrés sur le fer 7, déjà 4 degrés de moins qu’un fer 7 MB, soit plus un fer 6 qu’un fer 7. Cela joue typiquement sur le rendement en smash factor que l’on soit 14 ou 28 d’index.

Cette catégorie « Improvment » était jusqu’à présent assez « standard », puis les marques ont continué à appuyer sur le champignon de la distance. Le M6 avec un loft de seulement 28,5 degrés n’est pas très loin d’être un fer 5 plutôt qu’un fer 7.

Enfin, en bout de chaîne, les marques ont ajouté des clubs « Improvment » et « oversized ». Le loft n’est plus alors le seul élément discriminant. Il faut ajouter la largeur de la semelle ! Par exemple, le Callaway Big Bertha OS propose un loft de fer 7 à 30 degrés, finalement raisonnable si on ne tient pas compte de la semelle.

Six catégories de clubs, et des golfeurs classés de 0 à 54 d’index, la tentation est donc grande de faire des cases, et d’y mettre des golfeurs. En fait, ce n’est pas comme cela qu’il faut prendre la question du choix d’une nouvelle série. Les fers Callaway Rogue ne sont pas adaptés à des joueurs de 14 à 28 d’index. C’est un raisonnement du passé.

Avec les outils d’aujourd’hui, les Trackman ou FlightScope, vous pouvez via un essai en magasin, ou même par vous-même, en achetant un MEVO à moins de 700 euros, et bien qu’il ne soit pas aussi complet, mais suffisant pour détecter quelques paramètres, comprendre le club dont vous aurez besoin, et sans être influencé ou mal influencé.

Les paramètres à prendre en compte sont le loft dynamique (comment VOUS vous compressez la balle et indépendamment de votre index), le smash factor, la distance au carry et avec la roule. Le loft statique est en fait ce qui est indiqué sur le club. Le loft dynamique est ce que vous en faites réellement à l’impact. Loft dynamique, smash factor et distance (carry et totale) suffisent à vous éclairer sur l’adaptation d’une série à votre niveau technique.

Le niveau technique n’est pas nécessairement à relier seulement aux fers. C’est dans ce cas la critique de la pertinence de l’index. Certains outils permettent d’ailleurs de distinguer votre niveau de jeu par compartiments, comme par exemple,Arccos ou Shotscope. Quel est votre index au drive ? Quel est votre index aux approches avec des fers ? Quel est votre index dans le petit-jeu ? Quel est votre index au putting ? En fait, il est rarement le même.

Et vous voudriez choisir vos fers selon votre seul index ?
Dire qu’un fer correspond à un joueur entre 14 et 28 d’index, c’est être à côté de la plaque, car cela ne tient pas compte de cette réalité du niveau de jeu non uniforme d’un compartiment à un autre, même les pros ont des forces et faiblesses, d’ailleurs mieux représentées par les gains en tournois, ou les statistiques de coups gagnés. Plus précisément, il convient pour vous d’évaluer le loft dynamique que vous donnez au club quand vous le swinguez vers la balle, et par rapport au loft « statique » du club que l’on vous a mis dans les mains. De ce loft dynamique, il y a de grandes chances que dépendent le smash factor, et en fait, la distance.

Plus votre loft dynamique est éloigné, et plus bas par rapport au loft statique du club joué, et plus vous êtes en capacité de jouer un club avec un loft plus élevé. Il faut distinguer ce que vous êtes CAPABLE de faire, de ce que vous VOULEZ faire avec un fer. Dans les éléments de votre choix, vous devez aussi tenir compte de l’écart entre votre distance au carry et la distance à la roule, fruit de l’angle d’atterrissage et du spin, qui pour moi sont des facteurs qui fabriquent la solution ou votre choix.

C’est pourquoi je vous invite aussi à regarder la conséquence : La roule. Soit votre projet de jeu consiste à limiter la roule, soit à l’augmenter. De 14 à 28 d’index, tous les discours peuvent s’entendre… Avec un Rogue, c’est plutôt pour augmenter la roule plutôt que pour la réduire.
Après tout, pourquoi vouloir réduire la roule ? Quand vous toucherez un green sur un long fer d’approche, et que vous retrouverez votre balle dix mètres derrière en contrebas d’une pente, vous expérimenterez le problème du « backstop » !

Selon les vitesses de greens, c’est plus ou moins flagrant. Avec un club MB qui donne plus d’envol, plus de spin, et plus d’angle d’atterrissage, l’écart peut se réduire à 8 mètres. Ce n’est pas énorme, mais c’est ça qui est important plus que l’index. Que voulez-vous faire avec vos balles ? C’est cela que devrait vous demander un vendeur en magasin ? Quelle trajectoire de balle vous voulez ?

La distance ! Tout le monde en veut. Ce n’est pas un critère de choix. C’est un prérequis. Vous, vous voulez acheter des clubs, et comprendre, mieux, savoir ce qu’ils vont faire pour vous. Taper un fer à 145 mètres au lieu de 135 mètres n’a aucun intérêt, sauf si vous pensez que vous avez plus de facilité. Dans ce cas, ce n’est pas la distance le critère de choix, mais le loft dynamique que vous donnez réellement au club, et le smash factor (facilité pour vous) que cela génère.

Plus que de taper un fer 7 à 135 mètres, vous avez besoin de connaitre avec précision les distances de chacun de vos fers, et de pouvoir anticiper l’étalonnage. On se moque de savoir que pour faire 135 mètres, il vous faut un fer 5 ou un fer 8. Les marques mettent les numéros à défaut des lofts sous les semelles pour travestir ce débat, et jouer sur notre pulsion pour plus de distance sans effort.

Pour en revenir au test des lames MB Z-Forged et selon le raisonnement de l’index, je peux me dire que je ne peux pas jouer cette série. Pourtant, quand je regarde loft dynamique, smash factor, et distance, je découvre que cela n’a rien d’injouable, et pourtant je ne suis pas entre 0 et 5 d’index !
Votre jeu de golf, et votre swing, de même que votre plaisir ne se résument pas à un index.

Choisissez des clubs pour vous faire plaisir (look, son et toucher), et enlevez cette pollution que l’on voudrait vous mettre dans la tête. Si vous voulez vraiment être précis, contrôlez l’écart de loft dynamique et de loft statique pour comprendre avec précision comment vous utilisez réellement un fer. Le Smash factor sera aussi l’élément qui synthétisera le mieux la pertinence de votre choix, et enfin, l’écart entre distance au carry, et la roule, devra guider votre choix, selon votre projet de jeu.
Comment voulez-vous jouer avec vos fers plutôt que choisir des fers parce que vous êtes entre 14 et 28 d’index.

Enfermer le choix d’un club de golf selon l’index, c’est occulter ce qui se passe réellement sur le parcours.